Nos conférenciers, le Dr Herman Kanyamahanga et le professeur Mathieu Arsenault, nous ont raconté l’histoire de nos institutions à l’égard du racisme systémique afin que nous puissions identifier les barrières structurelles ou systémiques en médecine et amorcer une réflexion sur des gestes concrets à poser en vue d’une prise de position organisationnelle, et cela, dans une perspective de transformation. La Dre Anne-Sophie Thommeret-Carrière, conférencière, nous a sensibiliés au phénomène de l’imposteur chez les étudiantes et étudiants en médecine.
Notre collaboratrice, la facilitatrice graphique Marie-Ève D’Amour, de L’ILOT, a traduit en images les faits saillants de ce moment porteur de changement.
Laval, 11 novembre 2021 – Le Collège québécois des médecins de famille (CQMF) salue les efforts du gouvernement du Québec pour assurer aux Québécoises et Québécois l’accès à une ou à un médecin de famille. Nous réitérons, cependant, que le manque d’accès actuel ne découle pas du fait que les médecins de famille ne travailleraient pas suffisamment, mais bien de l’organisation des soins en première ligne modulée par les différentes interventions gouvernementales de mandat en mandat.
Les faits
Les besoins de la population ont crû au fil des ans : augmentation de la longévité et de la survie des patientes et patients aux prises avec des maladies chroniques multiples, enjeux de santé mentale, complexité des suivis médicaux, pour ne nommer que ceux-là. Malheureusement, ces derniers ne sont pas pris en compte avec justesse dans la logique mathématique proposée par le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé. Dans les faits, les médecins de famille abordent souvent plusieurs problèmes à l’intérieur d’un même rendez-vous. C’est pourquoi le temps de consultation varie pour assurer une haute qualité de soins aux personnes que nous soignons.
Notre réalité
Le ministre Dubé, en bon gestionnaire, doit s’assurer de bien comprendre la réalité des médecins de famille, au Québec, qui n’œuvrent pas qu’en cabinet. En effet, la plupart d’entre nous travaillent aussi en établissements ‒ salles d’urgence, hospitalisation, soins intensifs, obstétrique, soins de longue durée, etc. ‒, y compris en soins à domicile. Nous répondons aux besoins urgents et émergents de nos communautés; la pandémie de COVID-19 en est un vibrant exemple.
Collaborons pour des soins de qualité
Nous prônons une réorganisation en profondeur des soins de première ligne afin de faciliter le travail d’équipe interprofessionnel, permettant ainsi au patient de voir le bon professionnel en temps opportun. Le faible taux de comblement de nos postes de résidence en médecine de famille et les nombreuses retraites à venir parmi nos collègues ne sont pas sans nous préoccuper sérieusement. Plus que jamais, il faut agir de concert, privilégier un sain dialogue, et valoriser ce travail si important.
Mission du CQMF
Le Collège québécois des médecins de famille (CQMF) a pour mission d’inspirer et soutenir les médecins de famille et leurs partenaires dans l’adoption de meilleures pratiques au bénéfice de la santé de la population. Il regroupe quelque 4 500 membres. Ses activités sont assurées par des médecins de famille bénévoles et engagés envers la profession et la collectivité. Le CQMF est l’aile québécoise du Collège des médecins de famille du Canada (CMFC), l’organisme professionnel responsable d’établir les normes et de procéder à l’agrément des programmes de formation postdoctorale en médecine de famille dans les 17 facultés de médecine du pays.
Source : Collège québécois des médecins de famille (CQMF)
Pour information : Linda Lévesque, responsable des communications, 450 973-2228; cellulaire : 514 242-8909; llevesque@cqmf.qc.ca
Projet de loi 11 – Plaidoyer pour des soins de qualité
Le Collège québécois des médecins de famille (CQMF) salue les efforts du gouvernement du Québec pour assurer aux Québécoises et Québécois l’accès à une ou à un médecin de famille. Nous réitérons, cependant, que le manque d’accès actuel ne découle pas du fait que les médecins de famille ne travailleraient pas suffisamment, mais bien de l’organisation des soins en première ligne modulée par les différentes interventions gouvernementales de mandat en mandat.
Les faits
Les besoins de la population ont crû au fil des ans : augmentation de la longévité et de la survie des patientes et patients aux prises avec des maladies chroniques multiples, enjeux de santé mentale, complexité des suivis médicaux, pour ne nommer que ceux-là. Malheureusement, ces derniers ne sont pas pris en compte avec justesse dans la logique mathématique proposée par le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé. Dans les faits, les médecins de famille abordent souvent plusieurs problèmes à l’intérieur d’un même rendez-vous. C’est pourquoi le temps de consultation varie pour assurer une haute qualité de soins aux personnes que nous soignons.
Notre réalité
Le ministre Dubé, en bon gestionnaire, doit s’assurer de bien comprendre la réalité des médecins de famille, au Québec, qui n’œuvrent pas qu’en cabinet. En effet, la plupart d’entre nous travaillent aussi en établissements ‒ salles d’urgence, hospitalisation, soins intensifs, obstétrique, soins de longue durée, etc. ‒, y compris en soins à domicile. Nous répondons aux besoins urgents et émergents de nos communautés; la pandémie de COVID-19 en est un vibrant exemple.
Collaborons pour des soins de qualité
Nous prônons une réorganisation en profondeur des soins de première ligne afin de faciliter le travail d’équipe interprofessionnel, permettant ainsi au patient de voir le bon professionnel en temps opportun. Le faible taux de comblement de nos postes de résidence en médecine de famille et les nombreuses retraites à venir parmi nos collègues ne sont pas sans nous préoccuper sérieusement. Plus que jamais, il faut agir de concert, privilégier un sain dialogue, et valoriser ce travail si important.
Mission du CQMF
Le Collège québécois des médecins de famille (CQMF) a pour mission d’inspirer et soutenir les médecins de famille et leurs partenaires dans l’adoption de meilleures pratiques au bénéfice de la santé de la population. Il regroupe quelque 4 500 membres. Ses activités sont assurées par des médecins de famille bénévoles et engagés envers la profession et la collectivité. Le CQMF est l’aile québécoise du Collège des médecins de famille du Canada (CMFC), l’organisme professionnel responsable d’établir les normes et de procéder à l’agrément des programmes de formation postdoctorale en médecine de famille dans les 17 facultés de médecine du pays.
Source : Collège québécois des médecins de famille (CQMF); publié le 11 novembre 2021
Pour information : Linda Lévesque, responsable des communications, 450 973-2228; cellulaire : 514 242-8909; llevesque@cqmf.qc.ca
Réactions à l’attitude du gouvernement envers les médecins de famille
La Cité-de-la-Santé à Laval est le premier hôpital francophone au Canada à recevoir la certification «Hôpital Choisir avec soin» octroyée aux établissements qui réduisent la surutilisation des examens et des traitements chez les patients.
Publié le 26 octobre 2021
Par Mathieu Ste-Marie ‒ ProfessionSanté‒ L’actualité médicale
Une trentaine d’hôpitaux anglophones, dont trois au Québec, ont déjà reçu la désignation «Hôpital Choisir avec soin» au pays, mais c’est une première pour un hôpital francophone. C’est la Dre Stéphanie Castonguay, microbiologiste-infectiologue et présidente du comité d’optimisation et de pertinence du CISSS de Laval, qui a présenté le dossier à Choisir avec soin Canada.
Il existe trois niveaux de certification (voir encadré plus bas); l’hôpital de la Cité-de-la-Santé a obtenu celle de niveau 1. Pour pouvoir y prétendre, les professionnels de la santé de l’établissement ont dû adopter cinq mesures:
– séparer les analyses pour PT/INR et aPTT à l’urgence et aux unités d’hospitalisation;
– Retirer le dosage de l’acide folique des ordonnances hospitalières systématiques et autres ordonnances collectives;
– Cesser de prescrire des radiographies pulmonaires quotidiennes à l’unité de soins intensifs sauf pour répondre à des questions cliniques spécifiques;
– Éviter le dépistage de masse du déficit de la 25-hydroxyvitamine D;
– Ne pas demander de sédimentation pour dépister l’inflammation chez les patients qui n’ont pas de diagnostic;
«Nous sommes très fiers d’être les premiers francophones à recevoir cette désignation, d’autant plus que Choisir avec soins est moins connu au Québec», a réagi la Dre Castonguay.
Caroline Laberge, présidente du Collège québécois des médecins de famille
En effet, très connue en Ontario et dans d’autres provinces canadiennes, cette campagne qui s’attaque aux examens et aux traitements inutiles est loin d’avoir la même visibilité au Québec. D’abord soutenu par l’Association médicale du Québec (AMQ), Choisir avec soin aurait bien pu disparaître avec la dissolution de l’AMQ, en 2019. Heureusement, au printemps 2020, le Collège québécois des médecins de famille a récupéré cette campagne, version francophone de Choosing Wisely Canada.
La présidente du CQMF, la Dre Caroline Laberge, se réjouit de voir que la certification de l’hôpital donnera une nouvelle visibilité à cette initiative. «Je suis très heureuse que l’on commence à parler de pertinence des soins. On estime qu’il y a de 30 à 40 % des actes médicaux effectués qui sont non pertinents et potentiellement nuisibles», souligne la médecin de famille.
La Dre Laberge donne l’exemple de la prescription d’antibiotiques pour une infection virale qui, en plus de coûter de l’argent, est nuisible puisqu’elle occasionne une résistance aux antibiotiques et élimine les bonnes bactéries du corps humain.
Un engouement pour la pertinence des soins
Selon la Dre Stéphanie Castonguay, cette certification viendra plus particulièrement sensibiliser les médecins de l’Hôpital de la Cité-de-la-Santé à la surprescription et au surdiagnostic.
«Nous voulons que notre hôpital ait une culture de la pertinence des soins et que celle-ci fasse partie du quotidien des prescripteurs. Plus on va en parler, plus les médecins vont être sensibilisés à la pertinence. Chaque prescripteur peut faire la différence en se demandant toujours s’il prescrit le bon examen, pour le bon patient au bon moment.»
Le Dr René Wittmer, président du comité directeur de Choisir avec soin Québec, abonde dans le même sens.
«Cette certification peut créer un engouement pour que les gens puissent se rassembler et collaborer à l’amélioration de la qualité des soins. Les gens qui s’intéressent à la pertinence voient comment cela peut jouer un rôle dans la qualité des soins», souligne-t-il.
Selon lui, des hôpitaux francophones, dont l’Institut universitaire de gériatrie de Montréal, sont en processus pour obtenir une désignation de Choisir avec soin.
Au Québec, le Centre universitaire de santé McGill, l’Hôpital général juif de Montréal et le Centre hospitalier de St.Mary ont la certification niveau 1.
Comment remplir les critères de certification d’Hôpital Choisir avec soin?
NIVEAU 1
Appliquer cinq gains rapides:
Séparer les analyses pour PT/RIN et pour aPTT et revoir les batteries de tests demandées d’emblée aux urgences
Éliminer l’option «tous les jours» des ordonnances standardisées
Retirer le dosage du folate des ordonnances hospitalières systématiques
Cesser de prescrire des radiographies pulmonaires quotidiennes à l’USI, sauf pour répondre à des questions cliniques spécifiques
*Note : Si ces mesures ne concernent pas un hôpital, il doit les remplacer par d’autres.
NIVEAU 2
Appliquer trois autres recommandations de Choisir avec soin par le biais des méthodes d’amélioration de la qualité:
Les méthodes d’amélioration de la qualité doivent inclure une collecte de données de référence, les interventions en tant que telles et une collecte des résultats
Les projets doivent prévoir l’utilisation des trousses à outils Choisir avec soin
NIVEAU 3
L’établissement doit promouvoir la question de la surutilisation à l’échelle de l’organisation ainsi qu’un changement de culture:
Choisir avec soin fait partie du plan d’exploitation et du plan stratégique de l’hôpital
Appliquer au moins 10 recommandations Choisir avec soin distinctes dans différents services hospitaliers
Les recommandations des niveaux 1 et 2 peuvent être comptabilisées dans ces 10 recommandations
Jouer le rôle de mentor ou de collaborateur pour au moins un autre hôpital qui souhaite appliquer les mesures de Choisir avec soin
12 octobre 2021 ‒Profession Santé‒ L’actualité médicale
Par la présidente du CQMF, Caroline Laberge, M.D., CCMF, FCMF
Caroline Laberge, présidente du CQMF
Les manchettes des dernières semaines sont alimentées par la grave pénurie de main-d’œuvre infirmière dans le réseau de la santé. Cela illustre à quel point le travail interprofessionnel est un incontournable tant à l’hôpital qu’en GMF-U. Nos collègues infirmières et infirmiers ont une expertise irremplaçable dans des domaines de pointe comme les soins intensifs, l’unité néonatale, l’obstétrique, la cancérologie, la gériatrie, la pédiatrie, et j’en passe.
Comment expliquer ce manque de personnel infirmier dans le réseau, ou son exode vers les agences privées? D’abord, le concept du temps supplémentaire et surtout du fameux TSO ‒ le temps supplémentaire obligatoire ‒ est décrié depuis des années. Comment concilier travail-famille et vie personnelle, quand on peut à tout moment être «pris en otage» par son employeur? La seule façon trouvée par plusieurs infirmières pour contrôler un peu leur horaire est de travailler à temps partiel et de le combler, lorsqu’elles sont disponibles, avec des heures supplémentaires, plutôt que d’avoir un horaire complet auquel s’ajoutent les heures supplémentaires.
Des conditions de travail difficiles
Pour les infirmières avec qui j’ai parlé, ce n’est pas une prime pour revenir à temps plein qui va changer leur manière de faire, si rien n’est modifié dans les conditions de travail. Le manque de reconnaissance témoigné par le salaire global et les conditions de travail est décrié depuis des années, mais ça semble surtout se jouer dans un combat musclé entre les syndicats et le gouvernement. On assiste depuis un moment déjà à une «optimisation» ‒ ajout du nombre de patients par infirmière/infirmier (le fameux «quota») ‒, une explosion de la paperasse, un nombre croissant d’éléments à monitorer, valider, inscrire au dossier, et le tout, sans retirer aucune tâche! On assiste aussi à l’ajout de personnel dédié à des projets spéciaux sans pour autant fournir des bras supplémentaires sur le plancher pour effectuer le travail quotidien.
Des pistes de solution
La reconnaissance du rôle crucial des infirmières et infirmiers et la planification pérenne des effectifs sont du ressort des établissements et du ministère de la Santé et des Services sociaux. Nous ne sommes pas dans une crise ponctuelle, mais bien dans un problème de longue date et qui se trouve amplifié par la COVID-19. Il faudra donc plus qu’une mesure temporaire pour régler le problème. Les infirmières et infirmiers ne sont pas des pions ou des robots d’une chaîne de montage: il est primordial de favoriser une gestion décentralisée et humaine des effectifs. Récemment, l’implication des infirmières dans les discussions avec leurs gestionnaires au sein du CHU de Québec a donné lieu à plusieurs solutions originales porteuses d’espoir.
Enfin, l’apport de tous les professionnels impliqués dans les soins aux patients, c’est-à-dire les préposées aux bénéficiaires, les infirmières auxiliaires, les pharmaciens, les physiothérapeutes, et autres intervenants, et les médecins, doit être concerté pour que chacun exploite au maximum ses capacités et s’entraide. Je suis curieuse de voir l’apport des ambulanciers à l’urgence, mais il faut évidemment éviter de déshabiller Paul pour habiller Pierre!
Une autre piste de solution réside dans la perspective de Choisir avec soin, ou dans une utilisation judicieuse des ressources incluant les ressources humaines… Pouvons-nous repenser l’ensemble des services de notre système de santé? Rêver d’un monde où les citoyens jouent un rôle actif dans le maintien de leur santé et la prévention de la maladie? Où le système de santé évite de médicaliser les étapes de la vie comme l’accouchement normal ou le vieillissement?
Au plaisir de lire vos commentaires…
Un médecin raccroche son sarrau après un demi-siècle de pratique
PAR GEOFFREY DIRAT ‒ ProfessionSanté ‒ L’actualité médicale
Premier Québécois à décrocher le titre de médecin de l’année décerné par le Collège des médecins de famille du Canada en 1995, le Dr Réjean Ménard s’apprête à prendre une retraite amplement méritée. Pour Profession Santé, il livre son regard sur l’évolution de la pratique ces cinquante dernières années.
Ce dimanche 1er août 2021 marque un tournant dans la vie du docteur Réjean Ménard. Le médecin de famille prend sa retraite après 50 ans de bons et loyaux services auprès de la population de Granby, où il a toujours pratiqué depuis le début de sa carrière.
S’il a besoin de souffler un peu – «je n’ai pas pris de vacances depuis le début de la pandémie en mars 2020», signale-t-il –, le vaillant septuagénaire éprouve un sentiment mitigé à l’approche du jour J: «J’aime beaucoup, beaucoup cette profession de médecin de famille quand elle est exercée au sein d’une équipe, explique-t-il avec un trémolo dans la voix. La médecine, ça ne se fait pas tout seul dans son coin», martèle celui qui a fondé en 1971 le Centre de médecine familiale (CMF) de Granby avec trois autres confrères fraîchement inscrits au tableau de l’Ordre.
«À l’époque, la médecine de famille se pratiquait en solo. On a été parmi les pionniers à travailler en groupe», se souvient le Dr Ménard. Si cette organisation est aujourd’hui devenue la norme, il constate qu’il en résulte une plus grande interdisciplinarité en louant l’apport bénéfique des infirmières, pharmaciens et autres professionnels de la santé que l’on retrouve désormais au sein des cliniques de médecine familiale. «L’approche interdisciplinaire, c’est ça l’avenir. Les médecins sont très peu formés en santé mentale ou en santé environnementale, par exemple, mais ils ont les compétences pour gérer, en collaboration, la complexité de la prise en charge des patients en première ligne», souligne le praticien qui considère le médecin de famille comme un chef d’orchestre et non pas comme un multi-instrumentiste.
Quand il regarde dans le rétroviseur de son demi-siècle d’exercice, Réjean Ménard voit également d’un œil positif l’avènement de la télémédecine. «Avec mon équipe, on a toujours fait beaucoup d’appels de suivi. C’est dans ma philosophie et je faisais ça hors rémunération, car ça fait partie de la relation normale entre un médecin et son patient, estime-t-il. Aujourd’hui, grâce aux nouveaux outils, on va plus loin dans la relation à distance et on peut avoir une bonne idée de la situation du patient», explique-t-il en notant que la pandémie a levé les freins à la télémédecine, tant chez les soignants que chez les patients.
«On ne peut pas tout centraliser»
En revanche, s’il y a une évolution que le Dr Ménard juge négative ou contre-productive, c’est la centralisation intensive du réseau de la santé depuis une décennie. «On peut centraliser le matériel et les équipements pour réaliser des économies d’échelle, mais pas l’organisation du travail ou la gestion du personnel», affirme-t-il en se remémorant l’esprit d’équipe qui régnait à l’Hôpital de Granby, où il a longtemps pratiqué. «On avait développé des particularités, des façons de faire qui nous étaient propres pour s’adapter aux réalités de notre communauté et ça, ça crée un sentiment d’appartenance qui n’existe plus dorénavant», regrette le médecin qui garde espoir: «On peut toujours revenir en arrière!»
Après le 1er août, Réjean Ménard va prendre un ou deux mois pour recharger ses batteries, mais il compte par la suite rester actif et s’impliquer auprès de la relève en continuant d’accompagner les résidents accueillis au CMF. Une relève qu’il juge bien mieux formée qu’en son temps. «À mon époque, on faisait quatre ans de cours, une année d’internat, et on était médecin de famille. Aujourd’hui, les jeunes omnipraticiens ont un bagage bien plus complet. Ils sont capables d’identifier une céphalée multi-factorielle ou une tumeur au cerveau. Donc ils sont plus à même d’orienter les patients.» Quant à ces derniers, le Dr Ménard les trouve aussi plus informés et plus critiques, «et c’est tant mieux. Quand le patient est éclairé, on peut discuter avec lui et prendre des décisions ensemble».
Le conseil numérique disponible sous peu partout au Québec!
Le projet pilote eConsult Québec devient, après quatre années couronnées de succès, le conseil numérique! Ce nouveau service, lancé en 2021, poursuit son déploiement à l’échelle du Québec. Le conseil numérique favorise une communication rapide entre médecins de famille et autres médecins spécialistes en donnant accès en temps opportun aux conseils médicaux spécialisés. Il contribue ainsi à une meilleure prise en charge par le médecin de famille.
Concrètement, le conseil numérique permet de réduire le temps d’attente des patients pour obtenir les conseils d’un médecin spécialiste. Le délai de réponse moyen est de 7 jours. Le plan d’action du médecin de famille est bonifié dans 57 % des cas et la consultation en personne du patient avec le spécialiste est évitée dans 40 % des cas. Les patients y gagnent, tout le monde y gagne!
L’histoire des origines
Cette petite histoire a commencé en 2014 avec la présentation, au Collège des médecins de famille du Canada, du projet ontarien Champlain BASEMD eConsult, l’innovation des docteures Clare Liddy et Erin Kelly.
Convaincu que cette innovation pouvait répondre à besoin réel au Québec, le Collège québécois des médecins de famille, votre CQMF, lance sans tarder l’initiative d’une mouture québécoise de ce mode numérique d’accès aux conseils spécialisés, eConsult Québec. Les premières eConsult voient le jour en sol québécois en 2017.
Plus de 4 années de travaux auront permis d’atteindre l’objectif poursuivi, soit réduire le temps d’attente des patients pour obtenir les conseils d’un médecin spécialiste, conseils qui s’obtiennent dans un délai qui rassure les patients et améliore leur prise en charge.
Afin de faciliter le passage à un service de conseil numérique (CN) panquébécois, le comité directeur de transition eConsult Québec a produit un Guide d’orientation sur l’implantation d’un service de conseil numérique, legs précieux témoignant des différentes étapes de la mise en oeuvre de ce projet pilote appelé à devenir un outil incontournable à l’échelle du Québec.
PRIX DU MÉDECIN DE FAMILLE DE L’ANNÉE ET AUTRES DISTINCTIONS
Le Dr Mario Dubuc, de Sherbrooke, a été nommé « Médecin de famille de l’année » par le Collège québécois des médecins de famille (CQMF). Ce prix est remis annuellement, comme dans chacune des provinces, à un membre qui incarne brillamment l’essence du médecin de famille, notamment par ses soins exemplaires aux patients et son importante contribution à la santé de sa collectivité.
Le Dr Dubuc, qui exerce depuis plus de 40 ans, a eu une carrière impressionnante, affirme la Dre Caroline Laberge, présidente du CQMF. « Il a fondé, avec ses confrères, une clinique médicale qui est devenue par la suite un groupe de médecine de famille. Parallèlement au suivi de ses patients, il s’est beaucoup intéressé aux soins en fin de vie. Il a œuvré à mettre sur pied l’unité de soins palliatifs du Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke (CHUS) et la Maison Aube-Lumière, en Estrie. Il a ainsi donné accès aux soins palliatifs à toute une région et formé non seulement de futurs collègues, mais aussi des infirmiers et des pharmaciens pour avoir une approche multidisciplinaire vraiment axée sur le bien-être des patients. »
Le CQMF a également distribué plusieurs autres prix. « Les médecins de famille sont très humbles et habitués à travailler avec leurs patients dans leur cabinet. Ils font des choses extraordinaires qui ne sont souvent pas mises à l’avant-plan. Reconnaître leurs accomplissements est vraiment inspirant pour les autres médecins et est important pour rehausser la valeur de la médecine de famille », estime la Dre Laberge.
Mentor de l’année
Le Prix du mentor de l’année a été décerné au Dr Jean Ouellet. « Le Dr Ouellet est un médecin qui enseigne depuis plus d’une trentaine d’années à l’Université Laval. Il a agi comme mentor auprès des dizaines et des dizaines de jeunes médecins. Comme il travaille également dans une unité d’enseignement à Québec, il forme chaque année plusieurs cohortes de résidents. Il est vu comme une figure vers qui se tourner quand on a des questions. Il est toujours disponible », indique la Dre Laberge.
Prix de la relève en médecine familiale
Le CQMF a remis au Dr François Venne, de l’Abitibi, le Prix de la relève en médecine familiale qui souligne le leadership d’un médecin de famille au cours de ses premières années d’exercice. Pratiquant depuis seulement trois ans, le Dr Venne a déjà créé, à Val-d’Or, une clinique réservée aux patients autochtones et une autre pour les troubles liés à l’usage d’opioïdes.
Prix d’excellence
Les prix d’excellence du CMFC sont remis à des médecins de famille qui ont récemment apporté une contribution remarquable dans un domaine particulier.
Nécessaire réflexion accompagnée par le très apprécié conférencier Fabrice Vil, les participantes et participants à l’événement virtuel d’introspection et d’échange ont abordé notamment les notions de biais inconscients et de privilège. Ensemble, nous avons travaillé à identifier des façons d’entamer la conversation sur le racisme et de se former à être des alliés-ées pour l’équité, la diversité et l’inclusion.
Notre collaboratrice, la facilitatrice graphique Marie-Ève D’Amour, de L’ILOT, a traduit en quelques traits les grandes lignes de ce moment d’interactions.
Le forum des leaders du 26 novembre 2021 a poursuivi la réflexion